vendredi 30 mai 2014

Cœur sauvage et noble d'enfant sauvage et noble



Mon loup, ma sauvagerie.
Quand mes yeux se remplissent de brouillard ce sont ses poings d'enfant qui se serrent.
Il me conseille de me cacher à l’abri du béton et des herbes folles pour libérer mes paupières des larmes qui les inondent.
Précieux cœur de précieux enfant.
Cœur sauvage et noble d'enfant sauvage et noble.
Il lui aura fallu escalader les terrils et découvrir les vestiges d'un monde oublié pour connaitre le manque.
Sa voix vibre et se brise.
Les sanglots restent prisonniers de sa gorge.
Mais il est ma chair et mon sang.
Je reconnais les variations des amplitudes de ses regards.
Je sais qu'un morceau de son monde d'enfant noble et sauvage s'est écroulé.
Je sais que son enfance ne trouvera pas de compromis, de faux-semblant pour traduire la cruauté des décisions adultes.
Il ne tentera pas de mettre de l'ordre dans ses idées.
Il ne criera pas dans le vide comme je le fais trop souvent.
Il continuera à avancer, en parallèle, avec ses logiques extrêmes.

Je n'ai pas voulu déverser au pied de leurs racines encore fragiles l'aigreur et l'acidité qui rongent les rêves.
Nous avons avalé le long ruban de bitume jusqu'à ce que les troncs et les épines nous offrent leur ombre réconfortante.
Les rayons qui percent les vitres et font oublier l'acier.
Ouvrir les portes et s'enfoncer au cois du bois.
Suivre ses pas curieux et décidés.
La boue ocre de quelques flaques.
Mon loup, ma sauvagerie trempant le caoutchouc neuf dans l'eau rougie.
L'angle de son regard apaisé pareil à celui des rayons du soleil qui nous accueille.
L'observer de loin, admirant les dessins des ondes.
Motifs de la tristesse oubliée, des plaies qui guériront et se refermeront.
Le bonheur d'un instant retrouvé dans une flaque d'eau et de boue.

Le sourire qui ne se cache pas dans les lèvres mais se lit dans les yeux.

Quelques flaques à l'ombre des sapins.
La certitude qu'il puise sa force, sa sensibilité, sa noblesse et sa sauvagerie ailleurs que sur les bancs.
Le voir s'éloigner paisiblement et me sentir rassurée.
Le voir s'enfoncer calmement au coin du bois et me sentir légère.
Le voir se diriger vers notre rêve sauvage, noble, précieux et goûter la douceur des larmes émues.
L'imiter. Ne pas sourire avec les lèvres. Ouvrir ma poitrine et laisser battre librement mon cœur.
Feuilles et épines.
Flaques et boue.
Nuage et astre.
Ondes et traits.
Baies et pluie d'étoiles diurnes.

Me délecter de son regard grave, sensible, rieur, de ses pas sauvages mais paisibles.
Voir son âme virevolter à chacune des éclaboussures de cette noble et précieuse boue.